Est-il nécessaire de redire à quel point les insultes antisémites dont fut victime Alain Finkielkraut samedi sont révoltantes ? Ces attaques contre cet homme-là en particulier sont annonciatrices de temps mauvais, mais paradoxalement lui-même ne voit pas qu’une large partie du mouvement des gilets jaunes procède du rejet de ce dont il a été victime. Par crainte d’alimenter le trumpisme, il soutient ceux-là mêmes qui sont responsables de l’atmosphère de guerre civile qui est en train de se répandre en France. Il préfèrera toujours un Emmanuel Macron dont la caste est au pouvoir depuis quarante ans, à une Marine Le Pen qu’il trouve marquée de l’indélébile stigmate du populisme.

Ce n’est pas Marine Le Pen qui vient de signer le pacte de Marrakech, ce n’est pas elle qui refuse de nommer le mal par son nom, ce n’est pas elle qui a fait voter par le congrès le honteux traité de Lisbonne pour passer outre la volonté populaire clairement exprimée lors du référendum du 29 mai 2005.

Comment un homme ayant été aussi perspicace sur la nature des émeutes des banlieues en 2005 peut-il ignorer les responsabilités de ceux qui sont au pouvoir depuis si longtemps ?

Dans une émission de LCI il n’a pas de mots assez durs pour dénoncer les gilets jaunes, disant par exemple :

Le peuple devenu foule c’est un phénomène très grave et très inquiétant. Ce que je peux reprocher aux gilets jaunes originels à part peut-être Jacqueline Moureau par exemple, c’est de ne pas désavouer les foules haineuses. Quand bien même ils seraient pacifiques, ils trouvent des excuses en disant que c’est une réponse aux violences policières en disant que tout ça est manipulé parce qu’on pourrait arrêter facilement les agitateurs alors qu’on les laisse faire pour discréditer le mouvement.

Ajoutant que la haine ne peut se justifier que par la tyrannie :

S’ils détestent les médias, c’est qu’ils ne veulent pas être dérangés dans leur grand récit […] Et donc, ils nous expliquent que nous vivons sous une tyrannie, donc la haine est justifiée […] Mais quelle tyrannie ? C’est absurde […] Qu’est-ce qu’ils se disent sur les réseaux sociaux ? C’est que les gilets jaunes subissent une effroyable violence policière.

Comment peut-il être aveugle à ce qui se passe depuis des années ? Le traité de Lisbonne, celui de Marrakech, le coup d’État judiciaire qui a permis à Emmanuel Macron d’arriver au pouvoir, le fait du prince avec l’affaire Benalla, une justice si zélée à punir Christophe Dettinger, mais si laxiste en ce qui concerne son parjure de protégé, tout cela n’est-il pas la marque d’une tyrannie qui se met en place ? Les mutilés d’une répression dont on n’avait pas vu l’équivalent depuis la guerre d’Algérie, la justice expéditive qui condamne à tout de bras, rien de tout cela ne le touche, non la seule chose qui le chagrine c’est que les déplorables manquent de respect aux ministres et à la représentation nationale, sans se poser vraiment la question des raisons de ce mépris et de ce ressentiment.

Toute forme d’éminence est suspecte […] la passion basse de la démocratie c’est le ressentiment

Mais, soit… iIl a choisi le parti de l’ordre comme Luc Ferry :

Peut-être un jour faudra-t-il penser à interdire les manifestations,

Pour plus tard ajouter in extremis,

J’ai dit ça dans un mouvement d’emportement

Alain Finkielkraut est du côté du manche, c’est son affaire après tout. Tout de même, pour en revenir à l’immonde agression dont il a été victime, comment peut-il remercier, des trémolos dans la voix ceux-là mêmes qui sont les complices de l’islamisation des territoires perdus de la République ? N’est-ce pas ce gouvernement qui accepte le retour de djihadistes en France, qui prône l’accueil de plus de migrants, qui tance les pays qui refusent d’accueillir des migrants ? Il y a une contradiction à soutenir ce gouvernement face au trumpisme des foules haineuses et proclamer :

L’insécurité culturelle qui existe dans notre pays ne doit pas être diabolisée ni criminalisée

Au fond, Alain Finkielkraut tient à sa nouvelle respectabilité, il a suffisamment oeuvré pour jeter la lumière sur l’islamisation de notre société pour qu’on lui pardonne, c’est en tout cas ma position.

Il y a pourtant quelque chose de profondément inquiétant dans ce qui s’est passé samedi, c’est le noyautage du mouvement des gilets jaunes par les islamo-gauchistes la France Insoumise en tête. Si Alain Finkielkraut passe totalement à côté de son sujet, Michel Onfray, lui, en fait une excellente analyse dans son dernier billet. En particulier, il dit en parlant de l’antisémitisme :

Il prend notamment aujourd’hui la forme de l’antisionisme. Une équation simple qui réjouit les simplistes pose que juifs = argent = capital = capitalisme = Etats-Unis= Israël = sionisme… Cette équation qui désigne l’Ennemi se double d’une figure qui est celle de l’Ami: le « Palestinien ». Ce « personnage conceptuel », pour parler le langage de Deleuze, autorise des variations sur des thèmes multiples : l’Arabe, le Maghrébin, le Musulman, le Djihadiste, le Migrant, jadis l’Immigrant ou l’Immigré. Cette série très hétérogène mériterait d’abondantes précisions sémantiques et philosophiques, mais elle devient un bloc homogène chez les antisémites qui posent une autre équation simple qui réjouit elle aussi les simplistes : Arabe = Maghrébin = Musulman = Djihadiste = Migrant, avec un mot pour homogénéiser cette série: « Palestine ». C’est justement ce mot-là qui a été utilisé contre Alain Finkielkraut par des gilets-jaunes.

Et cet antisémitisme est fortement ancré à gauche :

Toute cette gauche plus ou moins complaisante à l’endroit des « antisionistes » se retrouve aujourd’hui à courir derrière les gilets-jaunes qui ont fini par se faire rattraper.

Mais aussi dans le monde musulman qui contrairement à ce que l’on pouvait croire est de plus en plus actif chez les gilets jaunes :

Le compagnonnage entre une gauche anticapitaliste, donc antisioniste, de fait antisémite, et un islam venu des banlieues, est avéré. Il signe la collusion entre l’anticapitalisme et l’islamisme. Ce mélange est explosif. Il est en passe d’emporter le mouvement des gilets-jaunes.

Ceux qui s’en réjouissent, Macron et les siens, ont bien tort. Car, dans ses suites, pareille convergence des luttes n’emporterait pas seulement les gilets-jaunes, elle ouvrirait également la voie à une libération de la violence dont le pouvoir, déjà débordé par beaucoup moins, ne saurait que faire…

Ce compagnonnage du jaune et du vert était déjà visible le jour des dégradations effectuées à l’Arc de Triomphe. Le film qui monte les ravages et la jubilation des vandales qui exhibent leurs trophées en atteste. Le pouvoir a utilisé ces images pour discréditer le mouvement des gilets-jaunes. C’était rentable du point de vue de la petite politique politicienne, mais c’était mortel sur le terrain de l’avenir du pays. Bien pour le journal de vingt heures, mais nul pour l’avenir et le destin de la France.

Il recommande à ce propos un excellent papier de Mohamed Louizi : « Gilets jaunes et Alexandre Benalla: l’ours islamiste est sorti de ses banlieues (les preuves) » qui montre que la menace que représente les frères musulmans dans la subversion du mouvement est à prendre avec le plus grand sérieux.

Il est extrêmement douloureux de voir se déchainer le nouvel antisémitisme contre un homme tel qu’Alain Finkielkraut, de voir l’abjection avec laquelle une certaine gauche a commenté l’évènement :

Après @CCastaner, Benjamin Griveaux. Les samedis et dimanches, les responsables politiques d’un pays au bord de la guerre civile depuis 3 mois n’ont rien de mieux à faire que de monter en épingle des fake news à base d’antisémitisme, et de me chercher sur Twitter. Tout va bien. Aude Lancelin n’a donc pas vu d’antisémitisme dans cette affaire

Alain Finkelkraut se fait huer lors de sa présence le long du cortege GJ. On s’émeut sur les plateaux. Bon d’accord, mais il n’a pas été, et heureusement frappé. _👎Ce qui aurait tout changé_ _☝️. La il doit etre content. Il le cherchait. On l’avait oublié. C’est réparé.__😏_Jean-Pierre Mignard n’y a vu qu’un exercice de promotion personnelle.

Durant une semaine voire plus, tous les médias parleront de cet acte pour faire l’amalgame entre musulmans et ces abrutis. Évidemment personne ne sera en face pour expliquer le contraire et vous serez chez vous en train de chialer.#Finkelkraut a tellement fait de mal… Yassine Bellatar dans la posture victimaire qui marche si bien

Alain Finkielkraut en a vu d’autres, mais l’on ne peut qu’avoir le coeur serré devant cette haine dont il est la cible et à travers lui tous nos compatriotes juifs.

Espérons qu’il finira par ouvrir les yeux sur ce monde politique qu’il croit encore démocratique, et contre lequel le véritable mouvement des gilets jaunes s’est dressé, même si comme semble le penser Michel Onfray il s’est fait irrémédiablement phagocyter par les islamo-gauchistes emmenés par la France Insoumise.

Pourquoi ici comme aux États-Unis tant de juifs conservent-ils une si grande loyauté pour une gauche de plus en plus antisémite, et détestent-ils ceux qui sont leurs alliés naturels ?

Written on February 18, 2019